jeudi, septembre 25, 2025
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Photovoltaïque résidentiel : les pratiques de JPME interrogent la justice

Depuis l’été 2025, l’entreprise JPME (Je Produis Mon Électricité), active sur le marché du rachat des surplus photovoltaïques des particuliers, est au centre d’un tourbillon judiciaire et réglementaire. Le 26 août, le Médiateur national de l’énergie a annoncé avoir saisi le procureur de la République de Montpellier au sujet de « mauvaises pratiques » imputées à JPME, après de multiples signalements d’usagers et une accumulation de litiges non résolus via la médiation classique. Selon l’institution, JPME cible les petits producteurs en leur rachetant l’électricité injectée sur le réseau, mais une partie significative des paiements aurait accusé de longs retards, voire n’aurait pas été versée, d’où la démarche pénale exceptionnelle engagée par le Médiateur.

Ces alertes s’inscrivent dans un contexte déjà tendu. Dès juin 2025, l’association de consommateurs UFC-Que Choisir pointait des « centaines de factures encore impayées » chez JPME et décrivait des clients peinant à obtenir la régularisation de leurs créances issues du rachat de surplus. L’article faisait également état d’échanges compliqués avec le service client et de parcours de remboursement laborieux.

Le sujet est d’autant plus sensible que le marché du photovoltaïque résidentiel marque le pas en France, avec le remplacement des aides directes par une TVA à taux réduit. Dans ce modèle, le particulier investit dans des panneaux, consomme une partie de sa production et vend le surplus à un acheteur — historiquement EDF OA, mais aussi des opérateurs alternatifs comme JPME, qui se positionnent sur des offres dites « 3.0 ». Toute défaillance de paiement vient fragiliser la confiance dans la filière et l’équilibre économique des projets domestiques.

Au-delà des impayés, le Médiateur avait déjà relevé en 2024 des comportements visant à contourner la médiation en orientant certains clients vers d’autres circuits de réclamation, privant ainsi les consommateurs d’un levier de règlement amiable. Ce point figure dans ses documents publics et éclaire la décision de saisir la justice un an plus tard.

De son côté, l’entreprise communique sur son positionnement de fournisseur d’énergie « au service de la transition », sans détailler publiquement, à ce stade, un plan de rattrapage précis sur les arriérés allégués. La procédure judiciaire devra déterminer la réalité et l’ampleur des manquements reprochés. En attendant, le Médiateur recommande aux producteurs concernés de rassembler leurs justificatifs (relevés, contrats, courriels) et de poursuivre les démarches de mise en demeure, tout en signalant les litiges via les dispositifs officiels.

Dans un marché atone, l’affaire JPME illustre l’enjeu central de la confiance contractuelle : sans paiements rapides et lisibles, le modèle de l’autoconsommation et la promesse d’un revenu complémentaire pour les ménages risquent de perdre de leur attractivité — au détriment de la transition énergétique elle-même.

Source : La Tribune, « Photovoltaïque résidentiel : pourquoi l’entreprise JPME est dans le viseur de la justice » par Cecile CHAIGNEAU

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