Le colloque du Syndicat des énergies renouvelables (SER) a mis en avant un message central : électrifier les usages et planifier à long terme pour sortir des énergies fossiles et renforcer la souveraineté industrielle. Miscellanées !
Le colloque du SER a eu lieu mercredi 23 septembre dernier alors que la France vit actuellement dans un flou énergétique, sans PPE garante d’un avenir empreint de visibilité. « Les projets doivent être exemplaires – environnement, concertation et planification territoriale – avec le meilleur coût pour la collectivité ». Par ces mots,Sophie Mourlon, ouvre tous les champs des possibles pour les projets EnR. Elle souligne par ailleurs « le soutien de l’État » à toutes les énergies renouvelables, malgré l’inertie politique générale d’un pays sous gouvernement démissionnaire.
L’électrification de la consommation et la sobriété sont jugées prioritaires. Des signaux positifs sur la transformation de la demande, comme l’électrification des quais des grands ports, commencent à poindre. A Marseille, Enedis a investi 1 M€ car les navires ne veulent plus faire tourner les moteurs diesel pour avoir de l’électricité pour le quotidien des occupants. Enedis veut accélérer dans ce sens, ce qui suppose d’aménager la loi ZAN pour disposer de foncier. Ce qui suppose aussi de continuer à flexibiliser les énergies renouvelables pour bien phaser production et consommation, d’où l’importance de l’évolution des heures pleines et heures creuses, notamment.
La décarbonation – ou « défossilisation » comme l’appelle Jean-Luc Fugit – va de pair avec l’industrialisation de la France, qui créera des emplois tout en réduisant la dépendance technologique du pays. Toutefois, selon Total Energies, « il faut choisir nos batailles et ne pas vouloir être sur tous les segments de la chaîne de valeur. Les Chinois sont très compétitifs sur les cellules, les stocks sont grands. En revanche, allons sur l’assemblage en France, qui fait sens du point de vue de l’intensité carbone. »
À l’échelle mondiale, « 2 trillions de dollars d’investissement en 2024 » sont engagés dans les énergies propres, note Kate Power (BloombergNEF), mais l’Europe a reculé de 7 %. Les coûts baissent dans l’éolien offshore et les batteries, mais « la décarbonation de l’industrie en Europe se fait sur « rocky ground », un terrain rocailleux ».
RTE rappelle prévoir « 100 milliards d’euros sur 15 ans » pour renforcer les réseaux de transport indispensables à l’électrification, anticipant l’arrivée de grands data centers par exemple, et aimerait faciliter l’implantation en France d’une usine de câbles sous-marins, mais attend une clarification par l’Etat des objectifs en volumes sur l’éolien offshore.
Enedis gère « 28 GW dans la file d’attente » et travaille à donner plus de visibilité aux porteurs de projets sur les capacités de raccordement disponibles, grâce à de nouvelles cartes en open data. Les industriels insistent sur la compétitivité : « l’électrification des usages est un surcoût et personne n’est prêt à mettre le prix sur un tube d’acier décarboné », résume France Industrie. EDF souligne qu’en 2024 « 60 % de l’énergie consommée vient encore du fossile » et que les EnR doivent peser de manière grandissante dans l’économie nationale, elles qui représentent déjà 160 000 emplois.
Au-delà des technologies, les intervenants demandent simplification administrative et partage de la valeur avec les territoires. « 84 % des Français ont une image positive des EnR », rappelle Engie, mais « il faut plus de 8 ans pour construire une éolienne ». Le syndicat d’énergie des Côtes d’Armor évoque l’intérêt des projets à gouvernance partagée et les cercles vertueux à rechercher à travers les dividendes issus des sociétés de production d’EnR, qui peuvent servir à financer d’autres projets d’intérêt général localement.
Tous – à la voix de l’intervenant RN près – appellent à ne pas opposer les EnR et le nucléaire, et les EnR entre elles (Dalkia évoque son envie de faire plus de géothermie, pour le chauffage mais aussi le froid), ainsi qu’à un cadre réglementaire stable pour sécuriser les investissements. « Le couac sur l’AOS qui doit être modifié n’est pas fait pour aider » indique Elmy. Car sur la durée, « il nous faut des énergies renouvelables abondantes et les moins chères possibles » rappelle la CRE. La question de la cohérence entre les trajectoires PPE et SNBC est posée.
Des députés des différents partis (RN, France Insoumise, PS, Ecologistes, En marche, non inscrit – LR excusé) ont clôturé la journée dans un débat sur la nécessité ou non d’une loi pour boucler la PPE3, tant attendue. Et Jules Nyssen de conclure sur l’urgence de disposer d’un texte. « Arrêtons avec l’idée d’un vol démocratique de la PPE ». Il sera toujours temps en 2027 de remettre les compteurs à zéro.