jeudi, septembre 25, 2025
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Le film Rembrandt dans le viseur des partisans du nucléaire

La filière du nucléaire serait-elle un tantinet à cran en ce moment ? Jusqu’à lancer un avertissement et une explication de texte particulièrement étayée au public pour la sortie du film « Rembrandt » : Les Voix du Nucléaire appellent à distinguer fiction et réalité scientifique ! À l’occasion de la sortie en salles le 24 septembre du film de Pierre Schoeller, l’association rappelle les faits sur l’énergie nucléaire face au changement climatique.  

À l’occasion de la sortie du film « Rembrandt » de Pierre Schoeller (avec Romain Duris, Camille Cottin et Denis Podalydès), Les Voix du Nucléaire souhaitent rappeler l’importance d’une information scientifique rigoureuse sur l’énergie nucléaire, particulièrement dans le contexte du changement climatique. La nucléosphère se mobilise comme jamais et dans des proportions hallucinantes. Et les gars, c’est juste un film !

Un enjeu d’information publique

Si Les Voix du Nucléaire affirment respecter pleinement la valeur artistique de cette œuvre de fiction, elles estiment essentiel de rétablir certains faits scientifiques concernant l’énergie nucléaire, afin que le public puisse faire la distinction entre création artistique et réalité technique et ainsi éviter toute forme de désinformation.

Cette distinction manque particulièrement quand le film fait l’amalgame entre catastrophe nucléaire et catastrophe climatique, alors que le nucléaire est une des rares solutions, justement, qui pourrait nous permettre d’éviter le pire. Enfin nous regrettons, la présentation qui est faite du métier et de la culture des ingénieurs qui ne feraient preuve ni d’esprit critique ni d’esprit d’initiative et se laisseraient enfermés par leurs outils comme par l’organisation à laquelle ils appartiennent.

Rétablir les faits… en attaquant les renouvelables

Pour Les Voix du Nucléaire, quand la fiction brouille la réalité Le film « Rembrandt » s’ancre dans le monde réel (références d’actualité, chercheur climatologue jouant son propre rôle, focus sur EDF et les EPR) donnant l’impression que les faits présentés correspondent à la réalité. Pourtant, le film prend des libertés importantes sur des aspects essentiels.

Le film présente une industrie qui développerait « la culture du secret ». Le nucléaire civil français est particulièrement transparent. Chaque incident significatif est rendu public et toutes les activités sont surveillées par l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de la Radioprotection (ASNR), entité indépendante avec un pouvoir de contrôle étendu, nous disent Les Voix du Nucléaire. Et pourtant que d’opacité autour de l’EPR de Flamanville. Et puis vous vous souvenez du nuage qui s’est arrêté à la frontière allemande au printemps 1986 après Tchernobyl. Quel mensonge !

Les Voix du Nucléaire n’ont pas non plus aimé le scénario catastrophe. Tu m’étonnes ! Le film évoque des black-outs causés par des événements climatiques extrêmes, en se focalisant uniquement sur le nucléaire.

Pour Les Voix du Nucléaire, la réalité est tout autre. La vulnérabilité comme les impacts concernent davantage les réseaux électriques et les énergies renouvelables intermittentes. Et une première balle perdue pour les EnR qui sont variables et non pas intermittentes et qui résistent plutôt bien aux conditions extrêmes.

Justement sur le dérèglement climatique et le nucléaire même Jean-Marc Jancovici du Shift Project évoque souvent le problème de l’étiage. En 2023 sur RTL ne disait-il pas : « Enfin, comme il a peu neigé, le débit d’étiage des rivières et des fleuves au printemps et à l’été, va être plus bas que d’habitude. Ça pose un problème pour toutes les installations qui ont besoin de prélever de l’eau dans les rivières et dans les fleuves. On pense évidemment aux centrales électriques qui peuvent avoir une baisse de leur production. S’il ne pleut pas assez au bout d’années et de décennies, de toute façon, on va avoir de très très gros ennuis et malheureusement, on ne peut pas faire grand-chose d’autre que d’espérer puisque nous ne contrôlons pas le climat mondial à l’échelle de quelques mois ». C’est dire !

Reste l’accident. Celui vécu dans le film serait fantasmé. Le film évoque un accident « pire que Fukushima ». Argument des Voix du Nucléaire : ce scénario ne correspond à aucune réalité physique des centrales nucléaires. Rassurant ! Comme si Fukushima était anecdotique… Etc, etc…

« Ce n’est plus votre mari, l’homme aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination »

Les faits rien que les faits. Sur l’environnement, Les Voix du Nucléaire affirment que l’énergie nucléaire présente l’empreinte carbone, et plus généralement environnementale (artificialisation, consommation de ressources, pollutions), la plus faible de toutes les sources d’énergie, y compris comparée à l’éolien et au solaire.

Deuxième balle perdue pour les EnR… Et quid des déchets ? L’énergie nucléaire constituerait, avec l’hydroélectricité, la seule solution permettant la fermeture définitive des centrales fossiles. Rien que ça !

Sur la sécurité. Le bilan sanitaire du nucléaire, accidents inclus, reste le meilleur parmi toutes les formes d’énergie. Lire ou relire la Supplication de Svetlana Alexievitch prix Nobel 2015 de littérature pour l’ensemble de son œuvre. « Des bribes de conversations me reviennent en mémoire… Quelqu’un m’exhorte : – Vous ne devez pas oublier que ce n’est plus votre mari, l’homme aimé qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient de contamination. Vous n’êtes pas suicidaire. Prenez-vous en main ! » Bouleversant !

Sur l’indépendance énergétique : Le nucléaire permet de réduire la dépendance européenne aux énergies fossiles importées, renforçant ainsi notre souveraineté énergétique. D’où vient l’uranium ?

Une réponse factuelle complète le 24 septembre

Le jour de la sortie du film, le site Face au Nucléaire a publié une analyse détaillée de tous les éléments techniques évoqués dans le film, distinguant faits avérés, approximations et éléments purement fictionnels. 

« Notre objectif n’est pas de critiquer une œuvre artistique, mais d’offrir au public les clés pour comprendre les enjeux réels de notre transition énergétique », déclare Myrto Tripathi, présidente des Voix du Nucléaire. Il en va d’un enjeu démocratique. Face aux défis climatiques, l’accès à une information scientifique fiable constitue un enjeu démocratique majeur.

Le World Economic Forum a d’ailleurs en 2025 classé la désinformation en tête des cinq plus grands risques mondiaux de court terme. Mais elle est où la désinformation ? Dans une pure fiction projetée au cinéma ou dans un fact checking idéologique, spécieux et tronqué d’une œuvre artistique de divertissement ? A travers une telle réaction, les laudateurs du nucléaire ne font finalement qu’avaliser les peurs qui assaillent les populations au sujet de l’atome. A défaut de rassurer, cette défense disproportionnée ne fait qu’entretenir la suspicion d’une énergie finalement pas si anodine que cela …

Le site de « Face au nucléaire »

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