vendredi, septembre 26, 2025
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PPE : Matignon prépare un scénario « RN-compatible », le SER dénonce un « profond déni démocratique »

Selon des révélations du média Contexte, Matignon aurait trouvé une solution pour débloquer la publication de la troisième programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), attendue depuis des mois. Le Premier ministre, Sébastien Lecornu, envisagerait de publier le décret tout en confiant à des économistes une mission de réexamen des soutiens publics aux énergies renouvelables. Dans l’attente de leurs conclusions, un moratoire serait instauré sur l’éolien et le solaire terrestre.

Un compromis politique risqué

Ce scénario viserait à désamorcer l’opposition du Rassemblement national, qui a plusieurs fois menacé de censurer le gouvernement si la PPE était publiée en l’état. La mesure permettrait au chef du gouvernement d’éviter une confrontation directe avec le RN, tout en affichant la volonté de relancer une programmation devenue indispensable. En effet, faute de nouvelle PPE, aucun nouvel appel d’offres ne peut être lancé pour l’éolien terrestre et le photovoltaïque, deux filières qui ont déjà atteint les objectifs fixés dans la précédente programmation.

Mais le projet suscite déjà de vives inquiétudes dans les milieux concernés. « Ils ont trouvé une manière de sortir la PPE qui soit encore pire que pas de PPE ! », déplore un connaisseur du dossier cité par Contexte. Si le gouvernement estime que l’encombrement actuel des files d’attente de raccordement rendrait le moratoire « indolore » à court terme, les acteurs redoutent qu’il ne se prolonge et gèle durablement l’investissement.

La réaction outrée des filières

Le Syndicat des Énergies Renouvelables (SER) n’a pas tardé à réagir. Dans un communiqué publié mardi, son président Jules Nyssen dénonce « un profond déni démocratique », rappelant que 377 députés ont rejeté cet été un amendement visant précisément à instaurer un moratoire. Il juge également la mesure « inconcevable » au regard du texte adopté par le Sénat dans le cadre de la proposition de loi Gremillet.

Pour le SER, ce moratoire constituerait aussi « un déni énergétique », car en ralentissant brutalement le développement des renouvelables, « ce sont les énergies fossiles qui sortiront grandes gagnantes ». Nyssen prévient : « Le moratoire imposé par François Fillon en 2010 sur le solaire avait détruit plus de 20 000 emplois. Celui-ci pourrait en détruire bien plus. »

Un climat politique électrique

En arrière-plan, c’est bien la pression exercée par le Rassemblement national qui façonne la stratégie gouvernementale. Pour les filières, voir la politique énergétique « dictée » par l’extrême droite constituerait un tournant préoccupant. Le SER appelle donc l’ensemble des forces politiques à s’opposer à ce qu’il considère comme un « désastre » pour l’économie verte française.

À ce stade, Matignon n’a pas confirmé ces informations, qualifiées d’« hypothèse de travail » par un proche du dossier. Mais la controverse illustre la tension extrême autour de la PPE, pierre angulaire de la politique énergétique, qui pourrait une fois encore se transformer en champ de bataille politique.

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