
Alors que l’Union européenne ambitionne de réindustrialiser la chaîne de valeur photovoltaïque, le projet Holosolis se présente comme un acteur clé de cette reconquête énergétique. Installée à Hambach, en Moselle, cette gigafactory française portée par EIT InnoEnergy, TSE et le Groupe IDEC entend produire 5 GW de panneaux solaires par an à partir de 2027. Son PDG, Bertrand Lecacheux, revient pour Andrew Mulligan de SolarPower Europe sur la vision industrielle, les enjeux technologiques et politiques de ce projet emblématique du programme « Make Solar EU ».
Alors que l’Europe dépend toujours massivement des importations asiatiques pour son approvisionnement en panneaux solaires, une initiative industrielle française entend inverser la tendance. Située à Hambach, en Moselle, l’usine Holosolis est appelée à devenir l’une des plus grandes gigafactories photovoltaïques du continent. Objectif affiché : 5 GW de capacité de production annuelle dès 2027, soit plus de 10 millions de panneaux solaires. À la tête de ce projet stratégique, Bertrand Lecacheux affirme la volonté de contribuer activement à la réindustrialisation verte de l’Europe.
Pour le dirigeant, le constat est sans appel : « L’Europe consomme un tiers des panneaux solaires produits dans le monde, mais n’en fabrique presque aucun. » Cette dépendance fragilise la souveraineté énergétique du continent, particulièrement dans un contexte de tensions géopolitiques et de transition accélérée. Holosolis, né de l’alliance entre EIT InnoEnergy, TSE et le Groupe IDEC, entend y répondre par une approche industrielle offensive.
La stratégie repose sur trois piliers : la technologie, l’automatisation et la durabilité. Holosolis prévoit de produire dans un premier temps des modules TOPCon à haut rendement, avant de passer aux modules tandem pérovskite-silicium, plus performants. Côté production, l’usine sera ultra-automatisée, permettant de maîtriser les coûts. Mais l’argument le plus fort est environnemental : l’empreinte carbone des panneaux fabriqués à Hambach sera trois fois inférieure à celle des produits importés d’Asie.
Holosolis entend couvrir à lui seul 15 % de l’objectif européen de 30 GW de production annuelle fixé par l’Alliance Solaire Européenne. Mais au-delà des volumes, c’est la démonstration d’un nouveau modèle industriel que cherche à imposer l’entreprise : produire en Europe, avec des technologies de pointe, au service de la transition énergétique.
Pour que cette ambition se concrétise, Bertrand Lecacheux appelle à un cadre politique clair et incitatif. Il plaide pour une politique d’achats publics favorisant les panneaux européens à faible empreinte carbone, sur le modèle du soutien massif mis en place aux États-Unis via l’Inflation Reduction Act. « L’Europe ne doit pas rater ce tournant », avertit-il.