Après une charge virulente contre l’éolien et le solaire à la tribune des Nations unies, Donald Trump a confirmé son hostilité aux énergies renouvelables. Son administration a annoncé la suppression de 13 milliards de dollars de subventions initialement destinées à l’éolien, au solaire, aux batteries et aux véhicules électriques, rapporte Les Échos (Bastien Bouchaud).
« Nous allons nous débarrasser de ces énergies faussement renouvelables », a lancé le président américain, jugeant ces technologies trop coûteuses et peu fiables. Le secrétaire à l’énergie, Chris Wright, a justifié la mesure en estimant que « trente-trois ans de subventions, c’est assez », rappelant que pour être utile au réseau, une énergie doit être disponible 24h/24 et en période de pointe.
Malgré ce discours offensif, Chris Wright a précisé que les investissements resteraient « bienvenus », mais au rythme imposé par le marché.
Des acteurs toujours en expansion
Les énergéticiens européens présents aux États-Unis défendent un tout autre constat. « L’éolien est une technologie mature et compétitive », a rappelé Miguel Stilwell d’Andrade, patron d’EDP, qui exploite 10 GW de capacités outre-Atlantique. Engie en revendique plus de 11 GW, avec plusieurs contrats conclus cet été avec des géants de la tech désireux de sécuriser leur approvisionnement en électricité verte.
Selon Wood Mackenzie, l’impact de la réforme fiscale républicaine a été partiellement compensé par la ruée vers la mise en service des projets avant expiration des crédits d’impôt, ainsi que par la forte demande liée à l’intelligence artificielle. Les nouvelles centrales à gaz étant devenues plus coûteuses et moins disponibles, l’éolien et le solaire gardent une avance compétitive.
La régulation, nouvel outil de blocage
Au-delà de la fiscalité, l’administration dispose d’autres leviers pour freiner le secteur : permis de construire, études environnementales, autorisations diverses. Plusieurs projets éoliens en mer ont ainsi été suspendus. Orsted a toutefois obtenu en justice le droit de reprendre le chantier de son parc Revolution Wind au large du Rhode Island, déjà réalisé à 80 %.
Un clivage politique risqué
Si Washington multiplie les obstacles, de nombreux États, y compris républicains, restent largement favorables aux renouvelables. L’Iowa tire plus de 80 % de son électricité de l’éolien, le Dakota du Sud 70 % et le Texas 42 %, grâce notamment au solaire. En faire un marqueur politique pourrait donc s’avérer risqué pour Trump, dans un pays où les énergies vertes se sont imposées comme un pilier du mix électrique.