Nicolas Goldberg, expert énergie chez Colombus Consulting, est venue partager sa vision du positionnement de l’énergie solaire dans le mix énergétique lors de l’Université de l’autoconsommation organisée le 1er octobre dernier par Enerplan. Son constat est sans appel. L’avenir de la filière solaire sera dans l’innovation ou ne sera pas. Précisions !
« Il y a quelque chose d’assez fascinant et qui est plutôt une bonne nouvelle, chaque fois que l’on fait des prévisions sur le solaire, les pronostics sont déjoués. Et c’est comme cela tous les ans » se réjouit en préambule Nicolas Goldberg. En effet, chaque année, l’équivalent du parc nucléaire français est installé en solaire en Europe. La France a installé 5 GW de solaire en 2024. Mais d’autres pays ont installé plus que cela et même des pays qui ne sont pas particulièrement réputés pour être écolos comme la très pétrolière Pologne ou encore les Pays-Bas).
Il faut accélérer sur les renouvelables
Le solaire s’installe vite et facilement, il a un faible impact paysager et s’affiche comme l’énergie phare de la décarbonation en Europe. Pourtant, il fait l’objet d’attaques récurrentes. Notamment en France. L’un des problèmes soulevés ces derniers mois : les prix négatifs. « L’objectif est de doubler la part de l’électricité dans la consommation d’énergie. Sur ce plan, la France est en panne. Nous sommes très loin des 100 TWh de consommation électrique en plus. Ceci n’est pas lié au solaire mais à un déficit de consommation électrique que personne n’avait vu venir. Une situation, par ailleurs dramatique, car la France passe à côté de ses objectifs de décarbonation de l’économie » ajoute l’expert.
Dans ce contexte, la première réaction, largement soutenue par l’extrême droite, est de dire qu’il faut ralentir sur la capacité des renouvelables. Que nenni ! Il faut accélérer sur les renouvelables au contraire pour pallier les implacables hausses de consommation d’électricité à venir avec l’électrification des usages et le développement es data centers. Petit rappel. Les prochains réacteurs arrivent en 2038. Il faut bien faire quelque chose avant. « Nous savons mieux gérer la surproduction que la sous-production comme l’a démontré la dernière crise énergétique. Si l’EPR Flamanville produisait aujourd’hui, nous aurions une production excédentaire. Parlerions-nous de problème ? Bien sûr que non » assène Nicolas Goldberg.
« Vous êtes des leaders »
C’est un truisme. L’Europe, la France ont besoin de nouveaux moyens décarbonés de production d’électricité. Pour performer dans cette dynamique, il faut être acteur dans l’innovation. Très souvent, ce sont les plus petits acteurs qui innovent. La décentralisation a par exemple également été un facteur d’innovation via des acteurs locaux au sein des territoires.
« Aujourd’hui, vous, les acteurs de la filière solaire, vous êtes des leaders, vous devenez prépondérants. Vous êtes ainsi particulièrement exposés. Et vous êtes attaqués. Mais il faut vous défendre, avec les bonnes solutions issues des stratégies d’innovation. Innovez sur les plans technologiques, financiers ou même contractuels. Les opposants taxent vos énergies d’intermittentes, montrez leur les briques de solutions : pilotage digital à la baisse ou à la hausse, effaçabilité face aux prix négatif, stockage, assistance via l’IA… Vous êtes condamnés à innover » conclut Nicolas Golberg.