C’est un bon connaisseur des énergies renouvelables qui s’installe à Bercy, en attendant sans doute la nomination prochaine d’un ministre délégué à l’Industrie et à l’Énergie. On se souvient que Roland Lescure avait cosigné avec Bruno Le Maire le Pacte solaire le 5 avril 2024 à Manosque — un accord emblématique fixant l’objectif d’intégrer 6 GW de nouvelles capacités photovoltaïques par an dans la PPE et d’atteindre 100 GW cumulés en 2035.
Le député des Français de l’étranger hérite aujourd’hui de la lourde tâche de succéder à Éric Lombard au ministère de l’Économie, dans un contexte politique instable et sous la menace d’une censure parlementaire. Économiste de formation, passé par l’École polytechnique, l’Ensae et la London School of Economics, Roland Lescure, 58 ans, se situe dans la mouvance du centre gauche réformiste.
Un parcours international et financier
Avant son retour en France, il a passé une large part de sa carrière au Canada, dont il a obtenu la nationalité, occupant notamment le poste stratégique de premier vice-président de la Caisse de dépôt et placement du Québec, l’un des plus grands fonds d’investissement d’Amérique du Nord. Cette expérience a façonné son approche pragmatique de l’économie, marquée par la recherche d’un équilibre entre performance financière et investissement de long terme.
Des racines engagées
Petit-fils de résistant et fils d’un journaliste du quotidien L’Humanité, Lescure revendique une filiation politique ancrée dans la gauche intellectuelle. Jeune militant du Parti socialiste sous l’ère Dominique Strauss-Kahn, il s’éloigne de la politique partisane avant de croiser la route d’Emmanuel Macron. Leur rencontre remonte à 2012, lors d’une réunion d’investisseurs. Quelques années plus tard, le futur président le recrute au bureau exécutif de La République en marche, où il contribue à structurer le programme économique du mouvement.
Un parlementaire expérimenté
Élu député des Français d’Amérique du Nord en 2017, puis réélu en 2022 et 2024, Roland Lescure s’impose rapidement comme l’un des parlementaires les plus à l’aise sur les sujets économiques et industriels. À la tête de la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale, il se fait remarquer pour sa capacité de travail et son goût du compromis.
En juillet 2022, il rejoint le gouvernement d’Élisabeth Borne en tant que ministre délégué chargé de l’Industrie, avant de voir son portefeuille élargi à l’Énergie sous le gouvernement Gabriel Attal. C’est à ce titre qu’il s’est impliqué directement dans le développement du solaire et la concertation autour du Pacte solaire — une initiative saluée par la filière pour son approche pragmatique et ses objectifs chiffrés.
Un profil à la croisée de la finance et de la production
À Bercy, Roland Lescure devra concilier deux priorités : redonner confiance aux investisseurs dans un contexte budgétaire contraint, et poursuivre la relance industrielle dans les secteurs stratégiques — notamment ceux liés à l’énergie, aux matériaux et à la décarbonation. Son profil international et sa proximité avec les milieux économiques pourraient en faire un interlocuteur crédible pour le monde de l’entreprise comme pour les acteurs des filières énergétiques.
