La Fondation Jean-Jaurès, en partenariat avec l’Ifop et Engie, vient de publier une vaste étude sur la perception des énergies renouvelables en France. Réalisée en avril 2025 auprès de plus de 12 000 personnes — un échantillon exceptionnellement large —, elle dresse un constat clair : les Français portent un regard largement positif et pragmatique sur l’éolien et le solaire, bien plus nuancé que celui d’une partie de la classe politique.
Un consensus citoyen… face à la polarisation politique
Alors que les débats sur la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) s’enlisent et que la question des renouvelables reste instrumentalisée dans l’arène politique, l’opinion publique apparaît, elle, mature et mesurée. Selon l’étude, 84 % des Français ont une image positive des énergies renouvelables, et seuls 10 % les perçoivent négativement. Le clivage politique — entretenu notamment par certains responsables de droite et d’extrême droite — ne trouve donc qu’un faible écho dans la population.
Les clichés d’un soutien limité aux “bobos parisiens” sont également infirmés : les habitants vivant à proximité de parcs solaires ou éoliens affichent une opinion similaire à la moyenne nationale, y compris dans des régions rurales fortement équipées comme les Hauts-de-France ou le Centre-Val de Loire. Fait notable : deux tiers des électeurs du Rassemblement national se déclarent favorables à l’éolien, un chiffre qui contredit frontalement la rhétorique anti-renouvelables portée par leur parti.
Le mix énergétique, un consensus majoritaire
Autre enseignement majeur : les Français souhaitent un équilibre entre nucléaire et renouvelables, loin des postures partisanes.
- 56 % estiment que la production d’électricité doit reposer sur un mix associant les deux sources.
- 62 % des partisans du nucléaire se déclarent également favorables au développement des énergies renouvelables.
Ce double soutien traduit une volonté de réalisme énergétique, appuyée sur trois priorités clairement identifiées :
- la lutte contre le changement climatique (79 %),
- la souveraineté énergétique nationale (78 %),
- et la création d’emplois locaux (77 %).
De plus, 81 % des personnes interrogées accepteraient l’installation d’une infrastructure d’énergie renouvelable à proximité de leur domicile, un taux d’adhésion bien supérieur aux représentations relayées dans le débat public.
Une conscience lucide des impacts
Les Français ne sont pas naïfs pour autant. Ils identifient clairement les limites des projets :
- 58 % jugent que les infrastructures dégradent le paysage,
- 57 % estiment que les parcs photovoltaïques occupent des terres agricoles ou forestières.
Mais ces réserves ne remettent pas en cause le consensus d’ensemble sur la nécessité de développer les renouvelables, dans une logique d’arbitrage raisonné entre bénéfices et nuisances.
Un déficit de confiance envers les responsables politiques
L’un des enseignements les plus sévères de l’étude concerne la crise de confiance vis-à-vis du discours public : seul un Français sur trois déclare faire confiance aux responsables politiques pour s’informer sur l’énergie. Une méfiance qui traduit sans doute la lassitude face à l’instabilité des politiques énergétiques successives et au manque de cap clair.
Un signal fort pour la filière solaire
Pour les acteurs du solaire, cette enquête envoie un message sans ambiguïté : la société française est prête à accompagner un développement accéléré des énergies renouvelables, à condition que celui-ci soit lisible, concerté et équitable. Alors que le gouvernement peine à finaliser la PPE, cette étude rappelle qu’en matière d’énergie, le consensus citoyen précède désormais le consensus politique.
(Sources : Les Échos, Marie Bellan, 6 octobre 2025 – Étude Fondation Jean-Jaurès / Ifop / Engie)