Université de l’autoconsommation d’Enerplan – 1er octobre 2025
La deuxième table ronde de l’Université de l’autoconsommation, organisée par Enerplan, a réuni un panel d’acteurs représentatifs du marché solaire professionnel autour d’un thème central : « Marchés B2B : l’électricité solaire, levier de compétitivité et de visibilité ». Dans un contexte d’instabilité géopolitique et de volatilité persistante des prix de l’énergie, tous ont souligné combien l’autoconsommation photovoltaïque s’impose désormais comme une solution économique durable pour les entreprises.
L’énergie, un enjeu de souveraineté économique
La directrice du financement Environnement et Énergie de la BPI, Pascale Courcelle, a ouvert la séance en rappelant que les entreprises industrielles et tertiaires cherchent avant tout de la prévisibilité : « Le solaire offre des coûts fixes sur 20 à 25 ans. C’est une forme d’assurance contre la volatilité des marchés mondiaux. » Elle a précisé que la Banque publique d’investissement accompagne aujourd’hui de plus en plus de projets d’autoconsommation collective, y compris pour les PME et ETI qui souhaitent « reprendre la main sur leur facture énergétique ».
L’exemple espagnol : un marché déjà mûr
Venue de Madrid, Irene Real, directrice de l’autoconsommation au sein de l’UNEF (Union Española Fotovoltaica), a témoigné du succès du modèle espagnol. En Espagne, la baisse du coût des installations, associée à une réglementation incitative, a permis un essor rapide des projets d’autoconsommation partagée : « Les entreprises n’y voient plus un investissement d’image, mais un outil de rentabilité directe », a-t-elle souligné, évoquant une hausse annuelle de 60 % des projets B2B depuis 2020.
La grande distribution à l’offensive
Le secteur de la distribution n’est pas en reste. Antoine Rousset, chargé de mission Transition énergétique à la SIPLEC (E.Leclerc), a détaillé la stratégie du groupe : équiper progressivement les parkings, entrepôts et surfaces commerciales de panneaux photovoltaïques. Objectif : produire localement une partie de la consommation électrique des magasins, réduire les coûts et verdir la chaîne d’approvisionnement. « Chaque kilowattheure solaire produit sur nos toitures est un bouclier contre les fluctuations du marché de gros », a-t-il insisté.
Des modèles économiques flexibles
Pour Édouard Roblot, directeur des énergies solaires chez IDEX, la diversité des modèles contractuels constitue aujourd’hui un atout majeur : « Les PPA, l’autoconsommation partielle ou totale, le tiers-investissement ou la location longue durée permettent d’adapter le solaire à chaque profil d’entreprise. »
Cette flexibilité facilite également le déploiement dans des contextes complexes, comme les sites multi-occupants ou les parcs d’activités où la mutualisation devient une voie prometteuse.
Stockage et digitalisation : les nouveaux piliers
Damien Dupont, directeur général d’Engie Solaire Décentralisé et Stockage, a rappelé que la rentabilité du solaire B2B ne repose plus uniquement sur la production d’électricité, mais sur sa gestion intelligente. Le couplage photovoltaïque + batterie + pilotage numérique permet d’atteindre des taux d’autoconsommation de 70 à 90 % et d’éviter les pics de puissance facturés aux entreprises. « Nous passons d’une logique de kilowattheure produit à une logique de kilowattheure optimisé », a-t-il résumé.
Un potentiel encore largement sous-exploité
Enfin, Michèle Lamothe, consultante indépendante en énergie solaire, a conclu sur la dimension stratégique de cette évolution : « Les entreprises qui se positionnent aujourd’hui sur l’autoconsommation ne font pas qu’économiser : elles gagnent en image, en attractivité et en résilience. » Elle a appelé à renforcer la formation et l’accompagnement des acteurs économiques, encore parfois hésitants face à la complexité réglementaire.
Un alignement des planètes favorable
Cette table ronde a confirmé ce que beaucoup pressentaient : la compétitivité énergétique des entreprises passera par le solaire décentralisé, couplé à des solutions de stockage et d’autoconsommation. La France, encore en retard sur certains de ses voisins, dispose pourtant d’atouts considérables : un tissu industriel dynamique, des opérateurs solides et un cadre en voie de stabilisation.