L’Institut Photovoltaïque d’Île-de-France (IPVF) vient d’annoncer un nouveau record d’efficacité pour ses mini-modules bifaciaux à base de pérovskite, marquant une étape décisive vers l’industrialisation de cette technologie considérée comme l’une des plus prometteuses du photovoltaïque de nouvelle génération.
Une technologie en voie d’industrialisation
L’objectif de l’IPVF est clair : réduire l’écart entre recherche et industrie afin que les cellules à base de pérovskite puissent intégrer rapidement le mix énergétique de demain. Pour y parvenir, l’institut développe des procédés de fabrication entièrement scalables — c’est-à-dire transposables à grande échelle — tout en maintenant un haut niveau de robustesse et de reproductibilité.
Deux programmes complémentaires structurent cette démarche :
- IMPACTS, orienté recherche, conçoit et évalue de nouvelles solutions techniques ;
- STAFF, orienté développement, vise à rendre ces innovations prêtes pour une production industrielle.
Une percée technologique sur la passivation des interfaces
Les chercheurs ont notamment mis au point une nouvelle méthode de passivation entre la couche de pérovskite et le contact de type n, élément clé pour limiter les pertes de performance. Après une phase d’optimisation en laboratoire, ce procédé a été transféré vers un mode de dépôt industriel, le slot-die coating, compatible avec une fabrication en atmosphère ouverte.
Résultat : cette innovation, désormais intégrée au programme STAFF, a permis d’améliorer le rendement moyen des modules de 1,5 à 2 points. Associée à d’autres optimisations du dispositif bifacial — notamment l’usage d’un refroidissement sous vide pour le séchage des couches —, elle a conduit à des rendements record :
- 18,1 % (19 % de surface active) pour un mini-module de 2 x 2 cm²,
- 16,44 % (17,3 % de surface active) pour un format 10 x 10 cm².
Vers une ligne de production pilote dès 2026
L’ensemble des procédés mis au point est pleinement compatible avec une production de masse. L’IPVF prévoit de les intégrer à une ligne de prototypage de 60 x 30 cm² qui sera opérationnelle au début de l’année prochaine.
Cette ligne permettra la production de modules semi-transparents en pérovskite, destinés à être combinés à des modules silicium dans des architectures tandem 4T2C (quatre terminaux, deux contacts), capables d’atteindre des rendements bien supérieurs à ceux des technologies actuelles.
Une vitrine du savoir-faire français
Pour Stéphane Lhomme, directeur technique adjoint de l’IPVF, ce résultat confirme « la capacité de la recherche française à faire émerger des innovations prêtes à franchir le mur de l’industrialisation ». L’institut, soutenu par ses partenaires publics et privés, ambitionne désormais de contribuer activement à la souveraineté technologique européenne dans le photovoltaïque, un enjeu stratégique face à la domination asiatique du secteur.
En combinant rigueur scientifique, innovations de procédés et approche industrielle intégrée, l’IPVF démontre une nouvelle fois que la pérovskite n’est plus seulement un espoir de laboratoire, mais bien une réalité industrielle en construction.