La composition du gouvernement Lecornu II, annoncée dimanche soir, confirme la volonté de l’exécutif de maintenir une trajectoire volontariste dans le développement des énergies renouvelables, malgré un contexte politique tendu. Deux personnalités clés auront à piloter les dossiers stratégiques du solaire et de la transition énergétique : Roland Lescure et Sébastien Martin.
Un duo chargé, entre autres, d’une mission décisive : la publication de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), document-cadre qui fixera la feuille de route énergétique de la France à l’horizon 2035.
Roland Lescure, l’artisan du « Pacte solaire » maintenu à Bercy
Le maintien de Roland Lescure à un poste central constitue un signal fort pour la filière. Nommé ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle, énergétique et numérique, l’ancien ministre de l’Industrie et de l’Énergie (2022–2024) retrouve un portefeuille élargi qui place explicitement l’énergie au cœur de la stratégie économique française.
Polytechnicien et diplômé de l’Ensae, Roland Lescure a notamment codirigé, avec Bruno Le Maire, la signature du Pacte solaire du 5 avril 2024, fixant un cap ambitieux : 100 GW de puissance photovoltaïque installée en 2035 et 6 GW de nouvelles capacités par an dans la future PPE.
Son retour à Bercy laisse espérer une stabilité réglementaire et une vision industrielle de long terme pour les acteurs du solaire, après plusieurs mois d’incertitude institutionnelle.
Sébastien Martin, un relais industriel proche des territoires
Nommé ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin vient renforcer la dimension territoriale et entrepreneuriale du ministère. Ancien président du Grand Chalon et d’Intercommunalités de France, il connaît les contraintes locales liées au développement des projets énergétiques et industriels.
Député (divers droite) de Saône-et-Loire, il incarne une approche pragmatique, ancrée dans les réalités économiques régionales. Il aura à coordonner la montée en puissance des filières industrielles renouvelables, notamment la production de modules photovoltaïques en France, un enjeu que le gouvernement souhaite relancer dans le cadre de sa politique de souveraineté énergétique.
Son rôle sera également déterminant dans la mise en œuvre industrielle de la PPE, qui doit préciser la part du solaire et des autres filières dans le mix électrique des dix prochaines années.
Monique Barbut, l’expérience internationale et la fondatrice du FFEM
À la tête du ministère de la Transition écologique, de la Biodiversité et des Négociations internationales sur le climat et la nature, Monique Barbut apporte une expertise environnementale et diplomatique rare. Économiste de formation, elle a bâti l’essentiel de sa carrière au service des grandes causes écologiques et du développement durable.
Elle fut notamment à l’origine de la création du Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM) en 1994, qu’elle a ensuite dirigé, contribuant à faire de cet outil un levier majeur du financement international de projets environnementaux. Ancienne présidente du WWF France (2021–2023) et ancienne secrétaire exécutive de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) (2012–2019), Monique Barbut s’est imposée comme une figure reconnue des négociations internationales sur le climat.
Son arrivée au gouvernement garantit une continuité dans la diplomatie climatique française, tout en renforçant le lien entre transition énergétique, biodiversité et financement durable — une articulation désormais centrale dans les débats sur le solaire et l’éolien.
La filière ne devrait pas se réjouir trop vite, car Roland Lescure est aussi très favorable au développement de l’énergie nucléaire. Lors de la présentation du rapport du GIFEN en janvier 2023, il disait : « L’Etat continuera d’accompagner cette filière d’excellence et de souveraineté, locomotive de la France des grands projets industriels que nous construisons. »
Il aura à appliquer la politique énergétique du président Macron, très favorable au nucléaire et les énergies renouvelables resteront marginales.