dimanche, novembre 23, 2025
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« Le renouvelable n’est plus intermittent » : Xavier Barbaro (Neoen) redéfinit le paysage énergétique

Invité de Good Morning Business sur BFM Business, Xavier Barbaro, PDG de Neoen, a livré une vision claire : l’avenir des énergies renouvelables passera par le couple solaire + batteries, désormais capable de fournir une électricité pilotable, continue et compétitive. Une révolution technologique qui rebat les cartes du système électrique mondial.

Brookfield, nouveau propriétaire mais stratégie intacte

Depuis son rachat en mars 2025 par le géant canadien Brookfield, Neoen a quitté la Bourse de Paris mais son PDG demeure à la tête de l’entreprise. « La feuille de route est ambitieuse, en France comme à l’international », affirme Barbaro. Présent dans 17 pays, Neoen continue de se développer à un rythme soutenu, notamment en Australie, qui représente près de la moitié de son activité.

Si l’éolien et le solaire restent au cœur du modèle, la nouveauté vient du stockage, devenu stratégique : « En 2025, les batteries représentent déjà la moitié de nos investissements mondiaux », indique-t-il.

« Le renouvelable n’est plus intermittent »

Le dirigeant balaie l’idée selon laquelle les renouvelables seraient intrinsèquement fluctuants. Les avancées du stockage changent la donne : « On peut livrer de l’électricité renouvelable à des industriels 24 heures sur 24, comme le fait le nucléaire. Et cela fonctionne déjà, notamment en Australie. »

Là-bas, Neoen exploite de vastes parcs éoliens et solaires couplés à des batteries pouvant stocker jusqu’à 8 heures de production. Un changement d’échelle spectaculaire : il y a dix ans, les batteries ne duraient qu’une heure.

Cette montée en puissance technologique permet aujourd’hui des modèles économiques robustes. Total : « Ce n’est plus du greenwashing hors de prix. Ce sont des solutions qui marchent, au service d’industriels exigeants. »

Solaire + stockage : désormais moins cher que le nucléaire

Barbaro rappelle un chiffre clé : en Allemagne, les derniers appels d’offres « solaire + stockage » sont sortis entre 50 et 60 €/MWh. Soit 10 à 20 % moins cher que le coût estimé du nouveau nucléaire, autour de 100 €/MWh.

Le message est clair : « On dispose aujourd’hui en Europe d’une solution existante, fonctionnelle, moins chère et plus rapide à déployer que le nouveau nucléaire. »

La France freinée par un excès de réglementation

Si la France possède un potentiel solaire et éolien majeur, le PDG se montre critique quant au cadre administratif : « Nous sommes les champions du monde du réglementaire ». Résultat : des coûts plus élevés et des délais plus longs qu’ailleurs.

Un exemple frappant : la plus grande centrale solaire de Suède, construite par Neoen, produit des électrons moins chers qu’en France, malgré un ensoleillement bien inférieur. « Ce surcoût est exclusivement d’ordre réglementaire », regrette Barbaro.

Des besoins électriques en forte croissance

Le dirigeant appelle enfin à une mobilisation rapide : électrification de la mobilité, essor des data centers, substitution du pétrole… « Nous entrons dans un monde beaucoup plus électrique. Il faut accompagner ce mouvement. »

Innovation : la simplicité plutôt que les gadgets

Sur les innovations à venir, Barbaro mise sur la continuité : panneaux plus efficaces, batteries moins coûteuses, remplacements d’éoliennes existantes par des modèles plus performants. « L’essentiel est déjà là : du solaire et du stockage de plus en plus compétitifs. Inutile de compliquer. »

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