jeudi, novembre 27, 2025
spot_img

Électricité : Emmanuelle Wargon appelle à une « visibilité durable » alors que les prix retrouvent leur niveau d’avant-crise

Invitée du 18h-19h sur BFM Business, Emmanuelle Wargon, présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), a dressé un état des lieux plutôt rassurant du marché français de l’électricité. Alors que le gouvernement demande des propositions pour faire baisser la facture, la régulatrice insiste sur la bonne orientation des prix et sur la nécessité d’un pilotage fin entre production, réseaux et fiscalité.

Des prix de marché revenus à la normale

Premier élément posé par la présidente de la CRE : les prix de gros sont désormais « entre 50 et 55 €/MWh », très proches des niveaux d’avant-crise.

Cette détente s’explique par :

  • le rebond de production nucléaire, revenu à son niveau nominal ;
  • la production élevée des renouvelables (hydraulique, éolien, solaire).

« Les marchés sont très détendus », souligne Emmanuelle Wargon, rappelant que les prix avaient atteint « plusieurs centaines d’euros, voire près de 1 000 €/MWh » pendant la crise énergétique.

Réseaux : stabilité confirmée à court terme

Sur la partie « réseaux », dont la CRE a la responsabilité, la régulatrice anticipe « une hausse très limitée » pour l’été prochain, après une stabilité actée cette année. Ces coûts, qui représentent un tiers de la facture, ne devraient donc pas contribuer à une hausse significative.

Fiscalité : un choix politique, pas du régulateur

Reste la question la plus sensible : les taxes (TVA et accises). Le Premier ministre a demandé des pistes pour réduire la facture, y compris fiscales.

Emmanuelle Wargon rappelle que :

  • ces décisions relèvent exclusivement du gouvernement et du Parlement ;
  • les taxes représentent un tiers de la facture ;
  • leur modulation doit tenir compte de contraintes budgétaires et d’arbitrages énergétiques (électricité vs gaz).

Renouvelables : ajuster le soutien, sans rupture

Interrogée sur la possibilité de réduire les subventions aux renouvelables, la présidente de la CRE se montre prudente. Si le soutien actuel représente environ 8 milliards d’euros par an, elle souligne qu’on ne peut raisonner « sur un seul millésime » alors que le système reste exposé aux aléas :

  • sécheresse (baisse de l’hydraulique),
  • maintenance nucléaire,
  • météorologie,
  • variations de la demande.

Elle reconnaît toutefois qu’un pilotage plus fin des volumes et des coûts est possible, y compris sur les futurs appels d’offres.

Surplus d’électricité : une marge utile pour l’avenir

La France exporte aujourd’hui près de 90 TWh par an, un niveau similaire attendu en 2025.
Mais pour Wargon, ce « surplus » doit être interprété comme une marge de sécurité, d’autant que :

  • les projets de data centers se multiplient ;
  • la mobilité électrique va monter en puissance ;
  • la décarbonation industrielle exigera davantage d’électricité.

« Une programmation énergétique claire est urgente », insiste-t-elle, alors que la PPE se fait encore attendre.

Contrats long terme : une opportunité pour les PME

Autre point : la possibilité de sécuriser un prix à 4–5 ans. Ces contrats existent déjà, y compris pour les PME, mais les clients hésitent, espérant encore une baisse des prix.

Pour la CRE, la « zone favorable » se situe sous les 60 €/MWh, correspondant au coût du parc nucléaire existant.

Nouveau nucléaire : indispensable malgré le surplus actuel

Pour Emmanuelle Wargon, l’actuel excédent ne change pas l’équation de long terme :
les premiers EPR ne verront le jour qu’entre 2038 et 2040. D’ici là, de nombreux paramètres peuvent faire rebondir la demande. Elle rappelle que la prolongation des réacteurs existants dépendra réacteur par réacteur, selon les exigences de l’ASN.

La France reste largement compétitive face à l’Allemagne

La présidente de la CRE note que même avec le plan allemand visant à réduire la facture des entreprises, la France restera plus compétitive grâce à :

  • son parc nucléaire,
  • une production renouvelable abondante,
  • des prix de gros nettement plus bas que chez ses voisins.

Sur le même sujet

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

- Advertisement -spot_img

Derniers articles

- Advertisement -spot_img