Le charbon reste, en 2025, au cœur des paradoxes du système énergétique mondial. C’est l’un des constats majeurs du rapport « Coal 2025 » publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui analyse les tendances récentes du marché et livre ses projections à l’horizon 2030. Si le combustible fossile le plus émetteur de CO₂ est clairement engagé dans une trajectoire de déclin structurel, ce recul ne s’annonce ni linéaire ni universel.
Aujourd’hui encore, le charbon constitue la première source mondiale d’émissions de dioxyde de carbone et demeure un pilier de la production électrique dans de nombreux pays. Près des deux tiers de la consommation mondiale de charbon sont destinés à la production d’électricité. Dans un contexte de croissance rapide de la demande électrique – tirée par l’urbanisation, l’industrialisation et désormais par les centres de données et l’intelligence artificielle – certains États continuent de s’appuyer sur le charbon pour sécuriser leur approvisionnement à court terme.
Pour autant, le rapport de l’AIE souligne que l’expansion massive des énergies renouvelables, en particulier du solaire et de l’éolien, commence à modifier profondément la donne. En Chine, premier consommateur mondial de charbon, la montée en puissance spectaculaire des capacités renouvelables pourrait freiner durablement la demande charbonnière dans les prochaines années. Le développement rapide des réseaux, du stockage et de la flexibilité du système électrique apparaît comme un facteur clé pour accélérer cette inflexion.
Autre élément structurant : l’arrivée d’une nouvelle vague de capacités d’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL). En rendant le gaz plus abondant et potentiellement moins cher sur certains marchés, cette dynamique pourrait inciter plusieurs régions à substituer le charbon par le gaz dans la production électrique, même si cette option reste incompatible avec les objectifs climatiques de long terme.
Selon l’AIE, l’avenir du charbon dépendra donc d’un équilibre instable entre politiques publiques, évolution des prix de l’énergie et vitesse de déploiement des alternatives bas carbone. Les soutiens politiques ponctuels au charbon observés dans certains pays, notamment pour des raisons de sécurité énergétique, pourraient temporairement enrayer son recul. Mais à moyen terme, la tendance globale reste orientée vers une baisse de la consommation, à condition que les investissements dans les renouvelables, les réseaux et le stockage se maintiennent à un rythme soutenu.
Pour l’Europe, le message est clair : la poursuite de la sortie du charbon repose sur la capacité à accélérer le déploiement des énergies renouvelables et à renforcer la résilience du système électrique. Le rapport rappelle d’ailleurs qu’en 2024, le solaire a dépassé le charbon dans le mix électrique européen, marquant un tournant historique.
En filigrane, « Coal 2025 » confirme que la transition énergétique ne se joue pas seulement sur des choix technologiques, mais aussi sur des arbitrages politiques et économiques majeurs. Le charbon n’a pas encore disparu du paysage mondial, mais son avenir apparaît de plus en plus contraint dans un monde engagé – parfois à marche forcée – vers la décarbonation.





