L’Agence de la transition écologique (ADEME) a publié récemment une étude approfondie sur l’impact environnemental de l’autoconsommation photovoltaïque, avec ou sans stockage par batterie. Cette analyse de cycle de vie (ACV), compare plusieurs configurations d’équipements dans des bâtiments résidentiels et tertiaires, dans l’Hexagone et dans les DOM.
Contexte
L’autoconsommation photovoltaïque occupe une place croissante dans les stratégies visant la neutralité carbone. Cette pratique, qui consiste à produire et consommer localement une partie ou la totalité de son électricité, s’appuie essentiellement sur le solaire photovoltaïque. Elle gagne en importance dans l’Hexagone comme dans les territoires ultramarins, où l’intégration des énergies renouvelables nécessite des solutions de flexibilité. Parmi celles-ci, le stockage par batteries, en plein essor dans plusieurs pays européens, se développe progressivement en France.
Au deuxième trimestre 2025, l’autoconsommation individuelle atteignait 4 714 MW raccordés au réseau public d’Enedis. Si seulement 2 % des installations incluent une batterie, cette part est appelée à croître grâce à l’amélioration du modèle économique et à la baisse continue des coûts technologiques. Le stockage permet en effet de conserver le surplus d’énergie produit durant les heures d’ensoleillement pour le restituer le soir ou par temps couvert, augmentant ainsi le taux d’autoconsommation.
L’analyse de cycle de vie (ACV) réalisée compare plusieurs systèmes d’autoconsommation dans des bâtiments résidentiels et tertiaires, en métropole comme dans les départements d’outre-mer. Elle examine trois configurations : le photovoltaïque seul, le photovoltaïque associé à une batterie, et un système avec batterie pilotée permettant une gestion optimisée des flux énergétiques. L’objectif est de mieux comprendre les effets environnementaux induits par ces options, en particulier dans des contextes électriques différents.
Principales conclusions de l’étude
Les résultats montrent que, pour la zone climatique H3 en France métropolitaine, les trois systèmes d’autoconsommation réduisent les impacts environnementaux sur l’ensemble des indicateurs pertinents, à l’exception de l’épuisement des ressources minérales et métalliques. Ce dernier se dégrade en raison de l’usage de matériaux critiques dans la fabrication des panneaux et surtout des batteries. Il s’agit donc d’un transfert d’impact, qui ne remet pas en cause le bénéfice global de l’autoconsommation mais appelle à la vigilance quant à la disponibilité et à la gestion des ressources.
L’ajout d’une batterie amplifie les variations observées : les impacts positifs s’accentuent, mais l’aggravation liée aux ressources minérales augmente également. Le système avec batterie pilotée renforce encore cette dynamique, traduisant un gain environnemental supérieur mais un recours plus intense aux matériaux stratégiques. Malgré ces nuances, l’ensemble des configurations présente un bilan environnemental favorable, sans qu’il soit possible de les hiérarchiser clairement.
Limites
L’étude comporte cependant plusieurs limites. La modélisation repose sur une seule année climatique et sur une simulation bâtiment par bâtiment, ce qui ne permet pas d’extrapoler les résultats à un déploiement massif. Le modèle électrique utilisé ne met pas en évidence la réduction des écrêtements alors que ceux-ci sont constatés dans les données réelles de 2025. Ces éléments invitent à la prudence dans l’interprétation des résultats, qui doivent être considérés comme des ordres de grandeur plutôt que comme des conclusions définitives à l’échelle nationale.
Face à ces constats, plusieurs recommandations émergent. Il apparaît essentiel de poursuivre les efforts de recherche et d’innovation sur les panneaux solaires, les systèmes électroniques associés et les batteries, notamment en matière de durabilité et de recyclabilité. À mesure que les énergies renouvelables variables progresseront dans le mix électrique, le stockage pourrait jouer un rôle clé pour limiter les pertes liées à l’écrêtement en décalant une partie de la production solaire. Enfin, une étude portant sur un déploiement large de l’autoconsommation – par exemple sur 10 % du parc résidentiel – permettrait d’évaluer de manière plus globale ses effets sur l’environnement et sur le fonctionnement du réseau électrique.





