Alors que l’administration Trump resserre son orientation vers les énergies fossiles, la capacité solaire aux États-Unis continue de croître — mais à un rythme nettement ralenti. Selon les dernières données disponibles, la puissance des grandes centrales installées a progressé de 10 % en glissement annuel au premier semestre 2025, contre 33 % en 2024 et une moyenne de 29 % depuis 2015.
Progressions inégales selon les États
La tendance globale cache une grande disparité entre les États. Le Texas, leader historique du solaire, affiche une croissance respectable de 14 %, alimentant l’optimisme sur la robustesse du secteur. En revanche, des géants comme Californie ou Floride montrent des signes inquiétants : respectivement +2 % de croissance pour la Californie, zéro ajout de puissance de grande centrale en Floride depuis janvier 2025.
Des ralentissements significatifs sont également observés dans des États clés comme la Caroline du Nord, le Nevada ou le Nouveau-Mexique, pourtant en pointe dans le développement solaire. En sens inverse, des États comme l’Arizona (+24 %), la Pennsylvanie, le Wisconsin, l’Ohio, l’Indiana ou l’Arkansas surpassent la moyenne nationale, suggérant une dynamique régionale encore viable malgré le contexte politique.
Un effet direct de la politique fédérale
Ce ralentissement est largement attribué au retrait des subventions fédérales et aux incertitudes créées par l’administration Trump. Le vote du nouveau budget comporte des clauses visant à accélérer la suppression des crédits d’impôt pour l’énergie solaire et éolienne, auparavant disponibles jusqu’en 2032.
Ces retraits, combinés à un durcissement de la définition de l’éligibilité, ont généré un climat d’incertitude propice à la mise en suspens de nombreux projets. D’après le cabinet Wood Mackenzie, les installations futures de solaire et d’éolien pourraient être réduites de respectivement 17 % et 20 % par rapport aux projections précédentes.
Anticipation d’un regain d’activité d’ici la fin 2025
Face à la décision attendue de réduction des crédits d’ici 2026, certains acteurs du secteur misent sur une course contre la montre. Ils espèrent accélérer les déploiements avant la fin de l’année pour préserver l’accès à ces aides. Si cette stratégie fonctionne, elle pourrait partiellement compenser le ralentissement, surtout sur le segment résidentiel.
Un message contradictoire et lourd de conséquences
Malgré ce contexte hostile, le fait que la surface installée continue d’augmenter est considéré comme une victoire pour les défenseurs de l’énergie propre. Certains experts estiment que la promotion des combustibles fossiles comme plan alternatif aux renouvelables risque d’aggraver la crise énergétique, notamment dans un contexte de demande croissante alimentée par l’intelligence artificielle et l’industrie numérique.
Perspectives
Le secteur solaire américain est désormais suspendu à une variable : la capacité des développeurs à concrétiser des installations avant l’affaiblissement des aides fédérales. L’issue de cette dynamique pourrait déterminer le futur rôle des renouvelables dans la politique énergétique nationale. Aujourd’hui, l’industrie montre qu’elle peut toujours croître… mais il est clair que le prochain chapitre sera plus ardu à écrire.
