L’essor fulgurant de l’intelligence artificielle met en lumière une fragilité longtemps sous-estimée : celle du système électrique américain. Dans une interview récente, Sheldon Kimber CEO d’Intersect Power explique pourquoi, selon eux, le réseau n’est plus en mesure de répondre à la nouvelle vague de besoins énergétiques portée par les centres de données.
« L’Amérique n’a pas un problème de quantité d’énergie, mais un problème de modèle », résume Sheldon Kimber. En cause : un réseau électrique conçu pour l’économie du XXᵉ siècle, aujourd’hui confronté à une révolution industrielle fondée sur l’IA, le cloud et l’électrification massive. Selon les projections évoquées, la consommation d’électricité aux États-Unis pourrait augmenter de 25 % d’ici quatre ans, tirée principalement par les data centers.
Or le réseau peine à suivre. Peu de nouvelles lignes de transport ont été construites depuis des décennies, les procédures d’autorisation s’étalent sur des années, et les investissements structurants ont été repoussés. « L’IA n’a pas créé la crise du réseau, elle l’a simplement révélée », estime Sheldon Kimber, décrivant un système déjà fragilisé par le sous-investissement et la complexité réglementaire.
Dans ce contexte, Intersect défend une approche alternative : rapprocher la production d’électricité des lieux de consommation. L’entreprise développe des solutions énergétiques à grande échelle directement adossées aux data centers, combinant énergies renouvelables, moyens de production flexibles et stockage par batteries. Ce modèle dit de « colocalisation » vise à contourner les goulets d’étranglement du réseau et à accélérer l’accès à l’électricité.
Concrètement, Intersect imagine des sites hybrides où le solaire et l’éolien couvrent une large part des besoins annuels, complétés par du gaz pilotable lorsque les conditions météorologiques sont défavorables, le tout stabilisé par des batteries capables d’absorber les variations de charge en temps réel. Une solution modulaire, plus rapide à déployer et, dans de nombreux cas, moins coûteuse que les infrastructures électriques conventionnelles.
L’entreprise affirme déjà gérer environ 15 milliards de dollars d’actifs en construction ou en exploitation et travaille à une nouvelle génération de projets intégrant pleinement cette logique hybride. Elle s’inscrit également dans des partenariats stratégiques, notamment avec Google, afin de répondre aux besoins énergétiques croissants des infrastructures d’IA.
Pour Sheldon Kimber, la comparaison avec les télécommunications s’impose : comme le mobile et la fibre ont transformé un secteur autrefois figé, l’IA pourrait forcer une refonte du système électrique. Non par la réforme graduelle, mais par l’émergence de nouveaux modèles industriels. Une transformation qui pourrait, à terme, redessiner la géographie énergétique et industrielle des États-Unis.
Sous-titres en français : ⚙️ Paramètres → Sous-titres → Traduire automatiquement → Français





