Dans son édition du jour, le quotidien économique Les Échos publie un dossier approfondi sur les défis auxquels est confrontée la filière solaire.
« C’est un changement d’ambiance pour les professionnels du photovoltaïque. Après le grand « pacte solaire » d’avril 2024, le dispositif des aides gouvernementales a été revu à la baisse, les appels d’offres de l’Etat sont en retard et la programmation pluriannuelle de l’énergie n’est toujours pas publiée. Dans le même temps, les groupes ont de plus en plus de mal à refinancer leurs investissements.
Résultat, les PME commencent à être touchées, l’installateur France Solar a été liquidé cet été et l’assembleur CréaWatt a été placé en redressement judiciaire. Selon une étude du cabinet Elatos, les salaires d’embauche des cadres reculent pour la première fois. La filière craint des plans sociaux. »
La filière solaire au bord de l’asphyxie
La filière solaire traverse une période de forte turbulence. Selon Les Échos, la combinaison de la baisse des aides publiques, des retards réglementaires et de la révision des tarifs d’achat fragilise un secteur déjà confronté à la hausse de l’Impôt forfaitaire sur les entreprises de réseaux (IFER). Plusieurs entreprises, comme Boucl’Énergie ou EverWatt, ont cessé leurs activités après le retrait d’investisseurs, tandis que d’autres PME, telles que France Solar ou CréaWatt, ont été placées en liquidation ou en redressement judiciaire.
Le gouvernement justifie ses décisions par la nécessité d’éviter un « emballement » du photovoltaïque et de mieux maîtriser la dépense publique. Mais les professionnels dénoncent une perte de visibilité et un cadre fiscal jugé dissuasif. Pour certains acteurs, ces mesures envoient un signal négatif à l’investissement, alors que la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE3), censée fixer les objectifs à long terme, n’a toujours pas été publiée.
Les représentants du secteur, réunis autour du Syndicat des énergies renouvelables et d’Enerplan, appellent à un cap clair pour relancer la confiance et permettre à la France de rester dans la course européenne du solaire, en conciliant attractivité économique et transition énergétique.
Les méga-usines de panneaux solaires dans l’attente
Les projets français de grandes usines de fabrication de panneaux photovoltaïques rencontrent de fortes difficultés pour boucler leurs levées de fonds.
HoloSolis, qui prévoit une usine en Moselle, cherche encore 15 millions d’euros de capitaux privés, le double des montants déjà obtenus. Selon son PDG Bertrand Lecaheux, le processus s’est ralenti depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en 2024, mais il espère finaliser le financement d’ici la fin de l’année.
Son concurrent Carbon, porteur d’un projet à Fos-sur-Mer, tente de réunir 20 millions d’euros depuis plus d’un an. La société a levé 3 millions d’euros via du financement participatif, mais attend un signal politique fort pour attirer des investisseurs, notamment à travers le futur plan industriel européen (Industrial Accelerator Act).
Les calendriers de production sont repoussés : 2027 pour HoloSolis, 2028 pour Carbon.
