Cinq ans avant l’échéance fixée, l’Allemagne a franchi un cap symbolique dans sa transition énergétique : la moitié des capacités photovoltaïques prévues pour 2030 est déjà installée. Selon les données publiées par l’Agence fédérale des réseaux (Bundesnetzagentur), le pays totalise désormais 107,5 gigawatts de capacité solaire, soit 50 % de l’objectif fixé à 215 GW.
Ce niveau de puissance est réparti sur plus de 5,3 millions d’installations, des toitures domestiques aux grandes centrales au sol. Ensemble, elles assurent aujourd’hui près de 15 % de la consommation électrique nationale. Un succès d’autant plus marquant que l’Allemagne avait amorcé son virage solaire dès les années 2000, avec la loi sur les énergies renouvelables (EEG).
Un essoufflement qui inquiète
Mais derrière ce cap encourageant, les professionnels du secteur alertent : le rythme d’installation ralentit depuis le début de l’année. Or, pour atteindre l’objectif de 2030, il faudrait maintenir un rythme d’environ 14 GW de nouvelles capacités chaque année. Un défi technique, industriel… et administratif.
Les retards de raccordement, les lenteurs dans les procédures d’autorisation, ou encore les tensions sur les réseaux de transport d’électricité freinent de nombreux projets. Le gouvernement a récemment annoncé vouloir simplifier les démarches, mais le calendrier reste flou.
Un pilier de la transition énergétique
L’énergie solaire est appelée à jouer un rôle central dans l’Energiewende, la stratégie allemande de sortie des énergies fossiles. D’ici 2030, 80 % de l’électricité du pays devra provenir de sources renouvelables. Le solaire, à lui seul, doit en fournir près de 30 %.
Mais pour y parvenir, les experts rappellent que les panneaux ne suffisent pas. Il faudra accélérer la modernisation des réseaux, renforcer le soutien aux petites installations, et clarifier les règles du jeu pour les investisseurs.
Cap franchi, cap maintenu ?
L’Allemagne reste en tête du peloton européen sur le solaire, devant l’Espagne et l’Italie. Mais à mi-chemin de son plan décennal, elle sait que la seconde moitié du parcours sera la plus exigeante. Ce n’est plus seulement une course à l’installation, mais une course à la cohérence du système énergétique.