Longtemps considérée comme dépendante du charbon et du gaz russe, l’Europe centrale s’affirme désormais comme l’une des régions les plus dynamiques du monde dans la transition vers les énergies renouvelables.
Grâce à la montée en puissance du solaire et au déploiement accéléré de systèmes de stockage locaux, plusieurs pays – dont l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie et la Pologne – enregistrent en 2025 des records de production électrique décarbonée.
Le solaire supplante les fossiles
Depuis 2022, la part du solaire dans la production d’électricité des principaux pays d’Europe centrale a littéralement explosé.
En Autriche, le solaire représente désormais 17 % de l’électricité produite, contre 10 % pour les énergies fossiles — une inversion spectaculaire par rapport à 2022 (6 % solaire, 19 % fossiles).
En Hongrie, la transformation est encore plus marquée : 33 % de la production électrique provient désormais de centrales photovoltaïques, contre 22 % pour les combustibles fossiles, alors que le rapport était encore de 14 % contre 35 % trois ans plus tôt.
Ces chiffres, issus du think tank Ember, témoignent d’une mutation rapide soutenue par la flambée des prix de l’énergie consécutive à l’invasion russe de l’Ukraine et par une volonté régionale d’autonomie énergétique.
Des batteries « made in Europe centrale »
Ce tournant est amplifié par le développement massif des systèmes de stockage par batteries (BESS), souvent fabriqués localement.
Entre 2022 et 2025, la capacité de stockage installée en Autriche, Hongrie et Roumanie a progressé de près de 500 %, selon les données des gestionnaires de réseaux.
À l’échelle régionale, cette capacité pourrait être multipliée par dix d’ici 2030, portée par des investissements européens dans la modernisation des réseaux électriques.
Les batteries permettent de lisser la production solaire et d’optimiser la distribution d’électricité, rendant possible la réduction continue du recours aux centrales thermiques.
Cette double dynamique — solaire et stockage — positionne désormais l’Europe centrale comme un acteur majeur de la transition énergétique mondiale.
De la dépendance à la résilience
L’Autriche, autrefois dépendante du gaz russe à plus de 90 %, s’approvisionne aujourd’hui principalement via la Slovaquie.
La Hongrie, encore cliente de Moscou pour le pétrole et le gaz, a néanmoins réduit la part du gaz dans son mix électrique de plus de 25 % à moins de 20 % depuis 2022.
Ces ajustements illustrent une reconversion accélérée vers des modèles énergétiques plus souverains, où la sécurité d’approvisionnement repose désormais sur des ressources locales et renouvelables.
Une région qui dépasse les attentes
Depuis 2019, la capacité solaire cumulée de l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie, la République tchèque et la Pologne est passée de 8 GW à plus de 45 GW, soit une hausse de 460 %, trois fois plus rapide que la moyenne européenne (+145 %).
Cette expansion, soutenue par une politique industrielle tournée vers l’emploi local et la fabrication de composants, montre que la transition énergétique peut aussi être un levier de développement économique régional.
Un modèle à suivre
En misant sur des technologies maîtrisées — solaire, batteries, digitalisation du réseau — et sur une production locale, l’Europe centrale déjoue les pronostics.
Elle démontre qu’un territoire longtemps jugé dépendant des fossiles peut devenir, en quelques années, un laboratoire mondial de l’énergie propre et de la souveraineté énergétique.





