mardi, novembre 25, 2025
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Tribune dans Les Echos : Énergie, sortir de l’idéologie pour se concentrer sur la facture

La France possède des atouts uniques : maîtrise complète de la filière nucléaire, leadership en hydraulique, gaz vert, gestion des réseaux, éolien en mer ; potentiel solide en géothermie, mais aussi en biomasse ; savoir-faire reconnu en solaire et en éolien terrestre. Autour d’EDF, Engie, TotalEnergies, Schneider, Veolia ou Suez existent des PME capables d’innover autant dans la production que dans la maîtrise de la consommation.

Il ne manque donc qu’une chose : sortir des jugements idéologiques pour finaliser une stratégie de sortie des fossiles guidée par un principe : faire baisser la facture. Or le débat public s’évitant soigneusement cette question. On assène des certitudes (« le coût de l’intermittence est insupportable », « le nouveau nucléaire est trop cher ») pour mieux éluder l’analyse.

Des chiffres fantaisistes

Pendant ce temps circulent les chiffres les plus fantaisistes sur « le coût de la PPE », tandis que le lobby fossile entretient le doute pour préserver une dépendance ruineuse à des énergies que la France ne produit pas. Car oui, nous consommons majoritairement du gaz fossile et du pétrole importés !

Et quand les pays du Golfe ont du renouvelable à moins de 20 €/MWh, nous nous félicitons de les produire trois à six fois plus cher. Ce n’est pas tenable. Electrifier les usages, développer des projets qui ont la taille critique ; accepter des éoliennes plus puissantes ; optimiser les réseaux ; responsabiliser les producteurs sur la gestion de l’intermittence (stockage, effacement…) Ces leviers ne demandent qu’à être activés.

À l’inverse, notre inflation réglementaire – souvent dictée par des arrière-pensées pour empêcher le déploiement de telle ou telle technologie – renchérit les projets. Résultat : nous subventionnons des projets renouvelables qui sont jusqu’à trois fois plus chers que nos voisins européens les plus compétitifs.

Idem pour le nucléaire : fascinés par les EPR de 2040, nous sous-estimons l’impact décisif de l’amélioration du taux de charge du parc existant. En deux ans, le seul rebond de production nucléaire représente davantage que l’ensemble de la production annuelle de l’éolien et du solaire réunis !

L’énergie est un système intégré : coûts de raccordement, stockage, transport et distribution, pilotage de la consommation, sobriété. Cette sobriété n’a rien d’un manifeste décroissant : elle relève du bon sens industriel. De même des atouts décisifs comme la biomasse, la géothermie ou la valorisation des surplus électriques par le « data mining » ou l’intelligence artificielle sont absents du débat public.

Certains réseaux sont indispensables, d’autres inutilement coûteux. Certaines combinaisons de technologies créent des synergies qui réduisent la facture, d’autres empilent des investissements qui la font exploser. C’est pourquoi un système énergétique doit se penser globalement, et chaque projet être évalué sur ses mérites, non sur sa « couleur » technologique.

Tout cela figure dans le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), attendu depuis des mois.

Encore faut-il le mettre en œuvre. Mais, faute de visibilité, les investissements sont reportés ou partent dans d’autres pays. L’incertitude se paie cash. Pour rester une puissance énergétique est industrielle, la France doit assumer de faire de la baisse durable de la facture des Français sa boussole absolue. Elle doit publier, enfin, sa stratégie et surtout la déployer sur le terrain. Nous sommes prêts à y travailler !

Agnès Pannier-Runacher est ancienne ministre de la Transition énergétique et députée (Renaissance) du Pas-de-Calais. Olga Givernet est ancienne ministre chargée de l’Énergie et députée (Renaissance) de l’Ain. Jean-Luc Fugit est président du Conseil supérieur de l’énergie et député (Renaissance) du Rhône. Xavier Albertini est député (Horizons) de la Marne. Marie-Noëlle Battistel est députée (Parti socialiste) de l’Isère. Philippe Bolo est député (Modem) du Maine-et-Loire. Gérard Leseul est député (PS) de Seine-Maritime. Antoine Vermorel-Marques est député (Les Républicains) de la Loire.

Le site du journal Les Echos

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